Bernard Viaud : portrait d’un passionné d’orchidées
L’orchidophilie n’est pas un centre d’intérêt comme un autre ! Que ce soit dans sa vie professionnelle ou chez Jardinot, Bernard Viaud est un grand amateur d’orchidées et partage volontiers sa passion avec d’autres. Il est animateur à Rochefort, en Aquitaine, avec le soutien de Marie-Christine Hemono, responsable du comité d’Aunis.
✍️ Eva-Marie Liglet • 📸 Jardinot
Certains d’entre vous connaissent déjà Bernard Viaud, soit en tant qu’animateur, soit en tant que jardinier. Après avoir appris aux côtés de sa grand-mère et de son père, la curiosité l’encourage à approfondir ses connaissances sur la botanique et les oiseaux, armé de jumelles et d’une multitude de livres spécialisés. Bernard se passionne rapidement pour les orchidées. Il devient animateur au Conseil départemental de Charente Maritime, et continue, à la retraite, à organiser des animations au comité d’Aunis.
Un animateur passionné et méticuleux
Bernard organise des animations relatives aux différents thèmes, en fonction des saisons :
• Les sorties autour des orchidées sont concentrées pendant les floraisons qui ont lieu du printemps jusqu’à la fin de l’été (les dernières floraisons surviennent aux alentours de septembre).
• Les oiseaux peuvent être observés pendant le printemps, lorsque la saison des amours les font chanter de leurs plus belles voix.
• La prudence est de mise à chaque sortie ! Seules les espèces connues sont abordées par l’animateur afin d’éviter d’ajouter de la confusion : il ne faut surtout pas induire en erreur les participants en risquant de les inviter à consommer un champignon toxique voire mortel.
• La chasse aux champignons intervient lorsque le temps est clément. Une sortie sera d’ailleurs organisée le 21 octobre prochain sur la mycologie.
Lors des animations sur les orchidées Bernard aborde plusieurs sujets : comment elles se développent, se nourrissent, forment un nouveau bulbe etc. Une sortie préparatoire sur le terrain est nécessaire afin de localiser les milieux où les espèces d’orchidées peuvent proliférer. Bien que des espaces aient pu fournir un spectacle merveilleux l’année passée avec des champs entiers d’orchidées sauvages, une fauche très tôt dans la saison a pu ruiner les espoirs d’obtenir un tel endroit l’année suivante. Un fauchage tardif permettrait le développement de toutes les plantes qui prospèrent naturellement et qui, à leur tour, encourageraient une plus grande biodiversité. Repérer ces endroits à l’avance permet à Bernard de montrer de 15 à 20 espèces différentes pendant les sorties. De larges étendues fleuries émerveillent les participants et les sensibilisent à la protection et au respect de ces endroits aussi riches que fragiles.
Quelles orchidées peut-on trouver sur le territoire de la Charente-Maritime ?
Les orchidées poussent dans une multitude d’environnements, d’une zone très sèche aux profondeurs de la forêt, là où la terre est humide et le soleil peut se faire rare, nous indique Bernard. La Dactylorhiza Elatas est une plante qu’il apprécie particulièrement. Elle préfère les zones humides et les sols calcaires. S’élevant jusqu’à 1 m de hauteur, elle est reconnaissable avec sa hampe florale qui oscille entre le rose et le pourpre. Nous pouvons trouver dans cette même zone la Dactylorhiza Incarnata, plus petite, mais toute aussi colorée que sa congénère.
Concernant les plantes calcicoles*, notre orchidophile mentionne aussi la famille des Ophrys, particulièrement les Ophrys Apifera, dit “Ophrys Abeille”, Ophrys Aranifera, dit “Ophrys Araignée”, et enfin Ophrys Passionis. Ces espèces vont plutôt se développer dans une région sèche. Généralement, ces endroits ne sont pas cultivables, comme les chaumes de Sèchebec, situés entre les vallées de la Boutonne et de la Charente, gérés par le conservatoire des espaces naturels basé à Rochefort. La forêt, quant à elle, abrite d’autres sortes, telles que la Cephalanthera Rubra ainsi que des Epipactis, que nous pouvons retrouver sur l’île d’Oléron, en sous-bois.
Une partie de la biodiversité réside aussi dans l’apparition de nouvelles espèces, telles que la Barlia Robertiana signalée par Bernard en 2018. Habituellement observée dans le couloir rhodanien, sa découverte promet une plus grande variété dans le futur, si l’on continue de respecter les environnements dans lesquels les espèces évoluent. Avec une soixantaine d’espèces présentes en Charente-Maritime, Bernard espère que l’on pourra préserver leurs milieux le plus longtemps possible.
Que pouvons-nous faire pour protéger les espèces sauvages de notre jardin ?
Rien de plus simple, vous pouvez grandement aider au développement de la biodiversité locale : protégez les espèces qui poussent spontanément dans votre jardin. À l’aide d’un bâton ou d’un tuteur, marquez leur emplacement pour éviter de les tondre. La plante a poussé à cet endroit précis car les conditions y sont idéales, donc elle se portera mieux sans trop d’attention. En respect pour notre charte, bannissez les amendements chimiques. Individuellement, nous pouvons tous participer au maintien des espèces sauvages dans notre jardin !
*Calcicole : se dit des espèces végétales qui se développent, exclusivement ou de préférence, sur les sols calcaires. (Larousse)